Il semble que nous ne pouvons pas trouver ce que vous cherchez.
Il semble que nous ne pouvons pas trouver ce que vous cherchez.
Cent ans dĂ©jĂ que Armand Gatti est nĂ©. Câest passĂ© vite. Ă lâoccasion de cet anniversaire, nous comptons revenir sur les principaux moments de lâĂ©criture dâArmand Gatti.Â
Gatti journaliste
Son écriture commence avec le journalisme en 1945. Il a déjà été immigré piÚmontais, maquisard, prisonnier, évadé, parachutiste SAS. à la fin de la guerre, il quitte Monaco pour se rendre à Paris et se fait embaucher au Parisien libéré.
On le colle aux chroniques judiciaires. Il fera tous les procĂšs de la collaboration, ceux des massacres commis par lâarmĂ©e allemande Ă Oradour-sur-Glane ainsi quâĂ Bordeaux. Celui de la Gestapo de la rue de la Pompe. Peu Ă peu avec son ami Pierre Joffroy, il va imaginer un journalisme dâenquĂȘte. Sur la dĂ©tention des prisonniers, les plus pauvres, ceux qui nâarriveront jamais Ă Ă©chapper au cercle de la pauvretĂ©. EnquĂȘte sur les conditions de vie des AlgĂ©riens en France. Chaque enquĂȘte devient un appel au gouvernement. Puis ils feront des enquĂȘtes qui dĂ©passent le cadre de la France, qui parcourent les camps dâEurope oĂč se trouvent des rĂ©fugiĂ©s coincĂ©s dans des camps, cherchant dĂ©sespĂ©rĂ©ment Ă ne pas rĂ©intĂ©grer leur pays dâorigine. Ils feront aussi des enquĂȘtes sur leurs amis artistes qui viennent de lâĂ©tranger dĂ©couvrir et peut-ĂȘtre travailler Ă Paris (Ă nous deux Paris).
 La derniĂšre enquĂȘte menĂ©e par Gatti sur les dresseurs de fauves intitulĂ©e EnvoyĂ© spĂ©cial dans la cage aux fauves lui vaudra le prix Albert Londres et le titre de Grand reporter, câest le dĂ©but dâune nouvelle vie.
Gatti Grand Reporter
AprĂ©s le tour de France, commence un premier tour du monde. Son journal lâenvoie au Guatemala rendre compte dâun putsch organisĂ© par les AmĂ©ricains. Lâassassinat de son guide Felipe le convaincra quâil nâa plus sa place dans ce mĂ©tier.
De retour, il commence Ă Ă©crire des piĂšces de thĂ©Ăątre. Le crapaud-buffle sur un dictateur dâun pays imaginaire. Mais il continue son travail de Grand reporter en SibĂ©rie dâabord puis en Chine (avec Chris Marker) puis en CorĂ©e. Câest lâĂ©poque oĂč les dĂ©lĂ©gations du monde entier sont invitĂ©es Ă visiter et comprendre la transformation de ces sociĂ©tĂ©s communistes. Ils traverseront toute la SibĂ©rie, la Chine et la CorĂ©e oĂč Gatti clĂŽture son voyage par lâĂ©criture dâun scĂ©nario pour le film Morambong.
Gatti écrivain des institutions théùtrales
Il fait encore quelques piges pour les journaux mais un nouveau tour du monde commence avec lâĂ©criture thĂ©Ăątrale. GrĂące Ă la photographe, AgnĂšs Varda, grande amie de Jean Vilar, elle donnera Ă ce dernier la piĂšce de Gatti, Le crapaud buffle qui sera montĂ© en 1960 Ă la salle RĂ©camier. Câest le dĂ©but dâune traversĂ©e fulgurante des scĂšnes françaises oĂč les piĂšces dâArmand Gatti, sont montĂ©es Ă Lyon, Marseille, Toulouse, St Etienne, Paris mais aussi en Allemagne. Tour Ă tour, le sujet de ses piĂšces se dĂ©placent de la Chine, au Vietnam, Ă lâĂ©migration italienne aux camps allemands. Il recevra le prix FĂ©nĂ©on pour sa piĂšce Le Poisson noir sur la Chine de Tsin.
En Septembre 68 , coup de gong : le gouvernement De Gaulle interdit la piÚce, de Gatti La passion du général Franco.
Gatti interdit
Le tour du monde par lâĂ©criture continue mais avec de nouvelles modalitĂ©s.
Depuis quelques annĂ©es dĂ©jĂ les piĂšces de Gatti, sont traduites et jouĂ©es en allemand. MĂȘme La passion du gĂ©nĂ©ral Franco dâailleurs avec succĂšs. AprĂšs lâinterdiction en France, il sâinstalle Ă Berlin pour Ă©crire le poĂšme Les personnages de thĂ©Ăątre meurent dans la rue : lĂ il dĂ©couvre la radicalitĂ© allemande. Il Ă©crit une piĂšce La moitiĂ© du ciel et nous en solidaritĂ© avec Ulrike Meinhof dĂ©tenue. Cette piĂšce marque la fin de lâĂ©pisode allemand , il ne sera plus invitĂ© …
Gatti Avec et déterritorialisé
Le tour du monde se continue avec une écriture déterritorialisée.
AprĂšs toutes ces interdictions, lâĂ©criture thĂ©Ăątrale de Gatti ne se pense plus Ă partir des institutions de la scĂšne. Avec le texte Petit manuel de guĂ©rilla urbaine, son Ă©criture ne se pense plus dans un thĂ©Ăątre mais dans un nouveau dispositif : une salle dâhĂŽpital ou dans une salle de classe pendant les cours. A cette dĂ©territorialisation sâajoute le fait que le texte est jouĂ© par ceux qui ont Ă©tĂ© tĂ©moin de lâĂ©criture du texte. Une Ă©criture pensĂ©e, rĂ©digĂ©e, avançant en dialogue permanent avec ceux qui participent au travail. Ce grand chantier commencera en Belgique avec deux grandes expĂ©riences, : la premiĂšre dans une usine de Schaerbeek sur La colonne Durruti. Et lâautre dans la campagne du Brabant wallon avec toujours les Ă©tudiants de lâIAD.
Non seulement câest un travail avec⊠Mais un travail Ă©galement complĂštement dĂ©territorialisĂ©. Depuis 1975, jusquâĂ la fin de sa vie, il arrivera Ă tenir son Ă©criture dans lâavec et la dĂ©territorialisation radicale (disciple dâune certaine façon de Guattari et Deleuze).
Le dernier Ă©pisode de ces Ă©critures, tout en gardant le mĂȘme cadre de lâĂ©criture avec et de la dĂ©territorialisation se fixera sur le projet de construire une cathĂ©drale Ă la RĂ©sistance. La clĂ© du dispositif, le mathĂ©maticien rĂ©sistant Jean CavaillĂšs et le rĂ©seau Cohors. Les lectures de CavaillĂšs vont peu Ă peu faire dĂ©couvrir Ă Gatti la physique quantique et une pensĂ©e qui met Ă mal le dĂ©terminisme. Enfin ! Avec CavaillĂ©s et la physique quantique, Armand Gatti arpentera Strabourg, Sarcelles, Ville Evrard, le Cern, GenĂšve etc.âŠTexte aprĂšs texte, il arpente cette cathĂ©drale, certains diront ce projet Ă©lĂ©phantesque et ils ont raison parce que les cathĂ©drales ont souvent la forme dâĂ©lĂ©phants
Les noms de Jean CavaillĂ©s, de Rosa Luxembourg, des fusillĂ©s de Tarnac, de Sacco et Vanzetti, du groupe Manouchian, de Roger Rouxel, de Camilo Torres, de MichĂšle Firk, dâUlrike Meinhof rappelle que depuis son premier livre Bas relief pour un dĂ©capitĂ© jusquâaux derniers Ă©pisodes de la TraversĂ©e des langages, durant toute sa vie Armand Gatti nâa finalement dĂ©fendu quâune seule idĂ©e : donner aux martyrs et aux combattants quelques instants de plus Ă vivre, les libĂ©rer de la fusillade, de la chaise Ă©lectrique et de la dĂ©capitation pour retrouver la puissance de leur conviction. SG